Bois de palmier noir (boeassus flabellifer), pigment blanc (chaux)
Epoque présumée : 19ème siècle
Hauteur : 58.5cm
Population Elema
Baie d’Orokolo, Golfe de Papouasie
Papouasie Nouvelle Guinée
Provenance :
Collection John Giltsoff, Girona, Espagne
The Jolika Collection of Marcia & John Friede. Rye, New York
Littérature :
Giltsoff, 2008. Fine art of Africa, Oceania and the Americas, reproduit p.7
Pour un exemplaire similaire provenant de la même collection voir Christie’s Paris, 19 juin 2013, Collection Jolika, lot 1 et New Guinea Art, Masterpices from the Jolika Collection of Marcia & John Friede. Fine Art Museum of San Francisco 2005, n°438
Légendes photos :
kaiaimunu Frank Hurley 1924 in Pearls and Savages
En Papouasie Nouvelle-Guinée, les rhombes ont été utilisés dans les provinces de Madang, du Golfe Huon et du Golfe de Papouasie. Mais seuls les rhombes du Golfe de Papouasie ont une importance primordiale, en particulier chez le peuple Elema.
Douglas Newton et Francis Edgard. Williams affirment tous deux que c’est cette forme typique du rhombe qui est probablement à l’origine de la forme elliptique des planches gope.
Williams1 nous explique que les rhombes de la baie d’Orokolo se distinguent des autres par une extrémité en forme de queue qui rappelle l’extrémité des tambours Elema2.
Notre très bel exemple présente cette extrémité en forme de queue surmontée d’un trou pour la fixation d’une cordelette.
Le corps principal de l’instrument est décoré sur une face d’un personnage, esprit tutélaire masculin, en pied, au visage stylisé, le nez sculpté en bas relief surmontant une bouche souriante découvrant une dentition. Le personnage est entouré par des rangées parallèles de lignes en zigzag et en pointes de diamants. L’ensemble est rehaussé à la chaux.
Dans le golfe de Papouasie, la longueur des rhombes variait entre 14 et 55cm de long et de 1.5 à 7cm de large3. Selon Thomas Schultze-Westrum4 et Williams : « Seuls les exemplaires de petite dimension, la plupart non décorés, étaient réellement utilisés en tant qu’instrument afin de faire vibrer l’air produisant un son qui, selon les joueurs de rhombe, était la voix des êtres-esprit. Les grands rhombes étaient les mères5 des plus petits ».
Selon Gourlay6 ; « Ces mères étaient enveloppées dans des feuilles de pandanus ou de fibres de cocotier et entreposées sur le sol derrière une rangée de planches gope dans l’autel aux crânes awae sous la responsabilité d’une personne, généralement le chef de la section locale.
Elles étaient particulièrement puissantes et c’était l’une des raisons de cette attention portée à ces grand rhombes de part leurs pouvoirs présumés et la crainte et le respect qu’ils inspiraient, même parmi les membres les plus anciens du groupe ».
Plus un rhombe était âgé, plus il possédait un pouvoir magique imunu de la plus haute importance. Ils étaient utilisés durant d’importantes cérémonies, notamment lors de l’initiation des hommes, à l’intérieur des maisons cérémonielles où ils ne pouvaient être vus par les femmes et les non- initiés.
Pour les Elema, le rhombe est appelé kaiavuru, qui selon Newton7, est un « nom certainement associé au mot kaiaimunu utilisé plus à l’ouest dans le delta du Purari chez le peuple Namau pour designer les grandes structures en osier conservées à l’arrière de la maison cérémonielle ». Ces structures, censées représenter des animaux monstrueux, transformaient les garçons en hommes en les mangeant puis en les dégorgeant lors de cérémonies d’initiation.
Et Newton d’ajouter : « Les tribus Elema partageaient entre elles trois cultes principaux : ceux des rhombes, des esprits de la brousse et des esprits de la mer. Le culte du rhombe serait le plus ancien ; en tout état de cause, ces objets extrêmement sacrés étaient conservés à l’abri des regards… Les rhombes ne faisaient l’objet d’aucune cérémonie spectaculaire ; en revanche, les cultes des esprits de la mer hevehe et de la brousse kovave étaient célébrés avec un faste élaboré, le plus important des deux étant celui des esprits de la mer ».
Le cycle des grands esprits de la mer reposait sur la croyance en de vastes monstres légendaires vivant dans la baie d’Orokolo et dans les embouchures des rivières voisines. Il s’agit des ma-hevehe ; c’est pourquoi le cycle cérémoniel était appelé hevehe.
Il semble y avoir un lien mystique entre les ma-hevehe et les rhombes. Dans la légende, le monstre Oa Birakapu terrorisait les Elema jusqu’à ce qu’il soit tué par des mercenaires des Purari. Pendant qu’ils découpaient son corps, les femmes Namau ont trouvé le premier rhombe (et les masques hevehe et Kovave) dans ses entrailles. Les masques hevehe étaient de forme ovale avec des mâchoires, comme les masques aiaimunu des Namau ; et Williams suggère « qu’ils étaient en fait les représentations d’énormes rhombes ».
Notes :
1- Williams, Francis Edgar. 1936 , Bull-roarers in the Papuan Gulf.
Territory of Papua Anthropology Report, n°17, Government Printer, Port Moresby, p.15
2- Le terme « Orokolo » désigne généralement l’ensemble du peuple Elema occidental vivant autour de la baie d’Orokolo
3- Ken .A. Gourlay. 1975, Sound-producing instruments in traditional society : a study of esoteric instruments and their role in male-female relations.
New Guinea Research Bulletin n°60 New Guinea Research Unit, Port Moresby and Canberra, p20
4- Thomas Schultze-Westrum. 2013, Bullroarers, Kaiaimunu in Michael Hamson, Collecting New Guinea art : Douglas Newton, Harry Beran, Thomas Schultze-Westrum. pp.187-188.
5- Virginia-Lee Webb dans son ouvrage Esprits incarnés, planches votives du golfe de Papouasie, parle page 38 de « papas rhombes »
6- Ken .A. Gourlay 1975, opus cité pp.23.24
7- Newton, Douglas.1961, Art styles of the Papua Gulf. The Museum of Primitive Art p.25
Prix : 13.500€
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