Masque brag

Référence : 10 23 1

Masque brag
Bois, rotin, pigments rouge et noir, nacre, tissus, coquillages
Hauteur 50,8 cm
Epoque présumée : fin du 19ème – début du 20ème siècle
Aire stylistique des lacs Murik et de la région côtière du fleuve Sepik
Province du Sepik Oriental
Papouasie Nouvelle-Guinée

Provenance :
– Harry A. Franklin, Los Angeles
– Par descendance à sa fille Valérie Franklin-Nordin, Beverly Hills
– Sotheby’s. Art of the Africa, Oceania and the Americas, 18 Mai 2021 (lot 28)
– Vendu au profit du Hood Museum of Art
– Collection Berry De Bruiyn, Hilvarenbeek, Pays Bas (n°338)

Littérature :
Stéphan Chauvet Les Arts Indigènes en Nouvelle-Guinée,
Fig.386bis, pl.98 pour un modèle similaire

Légende photo : Valérie & Harry Franklin (auteur inconnu)

 

Ce beau masque a le nez incurvé en forme de tronc qui est l’une des caractéristiques les plus importantes de l’art des lacs Murik. Ulli Beier et Peter Aris1 notent que les habitants de cette région « voient ces nez proéminents comme des esprits d’identification. Ils distinguent clairement les sculptures qui présentent un nez humain et celles qui ont un esprit  nez » comme notre masque. Et ils ajoutent2 que « tous les masques importants portent le motif de l’araignée. L’araignée est le créateur parfait. Les lignes fines et précises de sa toile et la complexité du dessin qu’elle produit symbolisent le type de perfection que le sculpteur lui-même vise ». Ces motifs, appelés mabranarogo, apparaissent ici dans les registres supérieur et inférieur du masque.

L’intérêt d’Harry A. Franklin pour la collection a commencé en 1938 alors qu’il travaillait comme cadre dans une entreprise de vêtements. En 1955, désireux de poursuivre sa passion pour l’art et de se lancer dans une carrière plus aventureuse, il ouvrit sa première galerie sur La Cienega Boulevard à Los Angeles. La Franklin Gallery est rapidement devenue un lieu de rencontre pour les aventuriers, les universitaires, les conservateurs de musées et les personnalités d’Hollywood.

Franklin était réputé pour son œil aiguisé. Aussi à l’aise avec les anthropologues qu’avec les stars de cinéma, il comptait parmi ses clients entre autres,  Paul Newman, Frank Sinatra, Edwards G. Robinson, John Huston, Vincent Price, Franklin Murphy ainsi que de nombreux collectionneurs  à travers les États-Unis et l’Europe.

Il développa des relations avec les marchands européens de son époque. Il acheta des objets dans les anciennes collections des musées allemands par le biais d’intermédiaires tels qu’Arthur Speyer et Ludwig Bretschneider, et auprès de marchands parisiens comme Charles Ratton.    Il finança  des expéditions en Nouvelle-Guinée, parrainant des scientifiques en échange d’œuvres d’art qu’ils étaient en mesure de se procurer. À la fin des années 1950 et au début des années 1960, on pouvait encore y trouver des objets très anciens dans leur contexte d’origine.

Il se fournissait aussi dans les ventes aux enchères. Il fut acquéreur, entre autres, d’une douzaine d’objets (dont la statue appelée la reine Bangwa) lors de la légendaire vente de la succession d’Helena Rubinstein en 1966. Parmi ces achats, il gardera les plus beaux objets pour sa collection personnelle.

Sa fille Valérie le seconda dans la galerie dès 1971 et jusqu’au décès de son père en 1983 ;  elle reprit la galerie familiale comme directrice jusqu’en 1989.

Tout au long de sa carrière, des musées et des collectionneurs privés firent régulièrement appel à elle pour son expertise en tant que consultante en art.

En 1990, Valérie passa un contrat avec Sotheby’s New York pour proposer la collection Franklin d’art africain. Le clou de cette vente mémorable fut la reine Bangwa, qui atteignit un résultat record à sept chiffres (3.4 millions de dollars). Cette vente restera la plus importante vente d’art primitif jamais réalisée à l’époque.

Son succès  renforça sa philanthropie dans         le monde de l’art et, en 2017, elle fit don d’une grande partie      de l’extraordinaire collection d’art océanien au Hood Museum of Art, Dartmouth College dans le New Hampshire.

Timothy Rub, directeur du musée, déclara à propos de cette donation : « L’une des plus belles et des plus complètes collections privées d’art mélanésien, comptant plus de 1200 objets… Grâce à cette donation, les fonds du Hood’s Museum of Art dans ce domaine sont parmi les plus importants que l’on puisse trouver dans les musées publics du pays et constituent une ressource importante pour les expositions, l’enseignement et la recherche».

Les autres bénéficiaires des dons de Valérie étaient, entre autres : l’UCLA Fowler Museum of Cultural History, le Los Angeles County Museum of Natural History,  le Denver Museum of Art, le Detroit Institute of Art,  le Baltimore Museum of Art, le De Young Memorial Museum,   le San Diego Museum of Art et le Dallas Museum of Art.                                                                             Elle avait aussi prêté des pièces de sa collection aux musées suivants : le Smithsonian, la National Gallery of Art, l’American Museum of Natural History, le Center for African Art et le Metropolitan Museum of Art, entre autres.

En mai 2019 une partie de la collection familiale d’art mélanésien et d’autres arts du Pacifique fut vendue aux enchères chez Sotheby’s New York. Elle conserva une petite partie des objets qui lui tenait le plus à cœur. Après son décès, et suivant sa volonté, le reste de la collection familiale d’art africain et océanien fut mis aux enchères, comme le masque présenté ici, et les recettes versé au Hood Museum.

Notes :
1- Beier &  Aris. 1975, n° 2, p.21
2- ibid., p.17

Prix : 25.000€

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