Modèle de maison des hommes qasgiq
Bois de cèdre rouge (Thuja plicata),
Ivoire de mammifère marin, morse (Odobenus rosmarus)
Dimensions: 15 x 15,5 cm.
Période historique
Epoque présumée : Vers 1880-1920
Population Yup’ik
Alaska. USA
Provenance:
Collection Charles Miles, USA
Collection Thierry Boutemy, Bruxelles
Publication:
Miles, Charles, 1963. Indian & Eskimo Artifacts of North America.
Bonanza Books, H. Regnery Co. p. 148, fig. 6.23.
Légende photo:
Coupe schématique d’un qasgiq ou kázgi, d’après E. W. Nelson1
Dans les limites d’une petite boîte en bois, soigneusement construite en planches de cèdre nous reconnaissons, illustré par des figurines d’ivoire finement sculptées un moment de danse et de chant élaborés à l’intérieur d’une maison communautaire d’hommes Yup’ik, dénommée qasgiq.
Deux personnages, au centre de la pièce dansent tenant d’une main une effigie animale, probablement un léopard de mer reconnaissable à son pelage tacheté. L’autre main dans le dos.
Huit autres personnages sont assis de part et d’autre de la scène sur un banc entourant la pièce. Quatre sont des musiciens tapant sur leurs grands tambours en peau de phoque et les quatre autres représentent des spectateurs
Les qasgiqs étaient d’importantes habitations sociales et cérémonielles réservées aux hommes où se déroulaient des cérémonies, des festivals (chants, danses, traditions orales). Les hommes et les garçons de plus de 5 ans y dormaient, les jeunes étant formés par les aînés par la tradition orale. On leur apprenait les techniques de survie et de chasse, à fabriquer des kayaks, des outils, de l’artisanat.
Semi-enterrée le qasgiq fabriqué avec du bois flotté isolé avec de l’humus était traditionnellement organisé selon le plan ci-dessous : l’entrée des invités et des spectateurs de la cérémonie se faisait par le passage d’été, situé au niveau du sol, tandis que l’entrée des danseurs masqués et du chaman se produisait par le passage d’hiver, semi-enterré.
Les invités et musiciens étaient assis sur des bancs directement aménagés dans les murs de l’édifice. Les danseurs et le chaman surgissaient alors sur la scène située au centre, en passant par le trou aménagé dans le sol pour le foyer central. Eclairés par la lumière de la fenêtre servant de cheminée aménagée à la verticale dans le toit, leur entrée produisait ainsi un effet de surprise
Chez les yupi’k Il y avait une croyance et une pratique religieuse basées sur la conception d’entités spirituelles trouvées dans la nature et devant être traitées avec respect. Les rituels étaient axés sur cette croyance comme celle du respect envers les animaux tués. Les chamanes, hommes ou femmes avaient le leadership religieux car ils étaient en lien avec les esprits gardiens.
La saison des fêtes Yup’ik de la mer de Béring avait lieu en hiver et au début du printemps. Périodes ou les familles avaient du temps pour ces activités n’étant pas occupées à rechercher leur alimentation. Les fêtes incorporaient les masques ou effigies animales.et les danses spirituelles.
Parmi les fêtes, celle de la vessie, représentée ici, était une cérémonie importante consacrée au respect des animaux dont les phoques.
Avant le XIXe siècle, les artistes inuits n’ont rarement, voire jamais, abordé l’idée de narration directement dans leur art. Les anciennes figurines, humaines ou animales étaient représentées dans une pose statique, de face, sans pratiquement aucun mouvement pour suggérer leurs activités ou leurs intentions.
En revanche, les personnages de cette maquette, réalisée au tournant des XIXe et XXe siècles, sont représentés engagés dans une action chorégraphiée particulière. Chacun jouant un rôle spécifique dans la reconstitution d’un événement cérémoniel complexe. Dans son ensemble, l’œuvre présentait au spectateur un récit visuel de cet événement.
Selon Donald Ellis2 ce changement de perception en abordant le concept de narration se reflète également dans l’art pictographique complexe qui s’est développé au cours du 19e siècle. Bien que nous ne connaissions pas toutes les causes de ce changement, il est possible que le contact avec la culture occidentale ait inspiré d’importants changements dans le processus de pensée de l’artiste autochtone et qu’un concept de communication jusqu’alors irréalisé soit apparu dans le répertoire traditionnel de l’expression artistique.
Bien que rarement visibles en dehors des collections institutionnelles, des modèles comparables de maisons de danse se trouvent dans les musées suivants : The de Young Fine Arts Museums of San Francisco ; The National Museum of the American Indian’s Heye Collection at the Smithsonian ; The Phoebe A. Hearst Museum of Anthropology ; et le Sheldon Jackson Museum, Sitka, AK)3. Il est possible que ces modèles aient été commandés par des non-autochtones, anthropologues ou simple collecteurs, dans le but de mieux comprendre ces cérémonies par ailleurs très secrètes.
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1- Nelson, E. W. (1899). The Eskimo about Bering Strait. In J. W. Powell (Ed.), Eighteenth Annual Report of the Bureau of American Ethnology to the Secretary of the Smithsonian Institution. Washington
2- Donald Ellis Gallery 2012, catalogue, pl. 18 Inventory # E3762 et web gallery Inv E.4265
3- Ann Fienup-Riordan.1996, The Living Tradition of Yup’ik Masks,
University of WA Press, pp. 37, 122-123
Prix : 9.800€
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